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Libération
Critique

Le théâtre, l'autre visage de Brasillach

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publié le 1er décembre 2003 à 2h09

Ce livre enchanteur est peut-être né d'«une carte déchirée aux coins et jaunie», gardée comme «un talisman» et «récemment» retrouvée. On se croirait au début d'un roman de Modiano. C'est que ce livre aux effluves romanesques, écrit par un témoin attentif, nous restitue avec un bonheur empreint de nostalgie l'atmosphère du théâtre à Paris entre 1926 et 1936. Et il le fait à travers des rencontres, celles des «animateurs» (ainsi les nomme-t-il) que furent Jacques Copeau, Louis Jouvet, Gaston Baty, Charles Dullin, Ludmilla et Georges Pitoëff. Ce sont les Pitoëff qui envoient cette «carte» à en-tête du Théâtre des Arts à «la jeunesse intellectuelle de Paris», en l'occurrence les élèves des classes préparatoires du lycée Louis-le-Grand, pour les inviter à venir voir Hamlet le jeudi 16 décembre 1926 à 13 heures.

L'auteur est déjà fortement marqué par ce couple depuis que, un dimanche de mai de cette année-là, il les a vus jouer Pirandello. Cependant, ce jeudi d'Hamlet restera «la plus belle représentation théâtrale, la plus exaltante et la plus vivante sans doute, à laquelle j'ai jamais assisté», écrit-il, car l'auteur y perçoit comme jamais «l'accord» établi entre ce couple et «la jeunesse» de son temps.

Ombres. Jeunesse est le dernier mot de ce livre, il court tout au long, car, en s'y attelant à une époque où sa vie bascule, l'auteur lui dit adieu. Les figures dont il parle sont encore du monde des vivants quand il les décrit, mais ce sont déjà des ombres. Rares les auteurs comme