Menu
Libération
Critique

Les chocs et les chutes chez Trisha Brown

Article réservé aux abonnés
publié le 3 décembre 2003 à 2h10

Que les Américains débarquent une nouvelle fois sur la scène chorégraphique n'est pas pour nous déplaire. La plupart des grands chocs émotionnels et esthétiques ont été donnés par la post modern dance, qui impulsa en partie l'explosion de la danse d'auteur française des années 80. Le festival de danse de Cannes reste fidèle aux Etats-Unis, invitant Trisha Brown et John Jasperse ­ qui vient d'installer sa compagnie dans la région Rhône-Alpes et qui pourrait travailler plus régulièrement avec le ballet de l'opéra de Lyon.

On a une nouvelle fois craqué sur la qualité de la compagnie de Trisha Brown, portée à bout de bras dans un contexte politique et économique guère favorable à la création. Sa nouvelle pièce, Present Tense, explore les chemins d'une possible narration, sans renoncer à l'abstraction. La musique de John Cage pour piano préparé, magistralement interprétée par Pedja Muzijevic, aide beaucoup à transformer l'essai.

Brèves pochades. Tout commence par un solo qui annonce bien des aventures entre les danseurs du sextuor. En jaune et rouge, ils créent des situations inattendues, aussi abruptes que la première chute du soliste sur ses fesses rebondies. Ici, le mouvement continu et fluide de Trisha Brown semble vouloir se loger dans des détails infimes, dans des angles, des lignes brisées, de brèves pochades.

Les chocs, les chutes ou la manière de se poser délibérément au sol en s'asseyant sur le plateau tout simplement, contredisent une danse aérienne, où les corps portés p