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Libération
Critique

Katia Guerreiro et Mariza, fado à dos

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publié le 4 décembre 2003 à 2h11

Pur hasard ? Katia Guerreiro et Mariza se produisent simultanément à Paris. Ces deux jeunes promesses du fado, parmi les plus aptes à prétendre au trône laissé vacant par la disparition d'Amália Rodrigues (1920-1999), sont toutes deux de naissance africaine. Elles constituent les deux faces de la saudade inconsolable de Lisbonne, une plainte instrumentalisée par quarante années de dictature salazariste, longtemps rejetée comme telle par les contestataires de la révolution des OEillets, et qui voit actuellement de plus en plus de jeunes talents s'y consacrer comme à un néojazz libérateur.

Katia pratique un fado épuré, au déchirement intimiste. Mariza, elle, prône une plus grande exubérance, à l'image de ses toilettes de diva épanouie de 29 ans.

Touche glamour. Le cheveu ras et oxydé, la taille de guêpe serrée dans une ample robe qui lui tombe jusqu'aux chevilles, Mariza avance, silhouette de reine de la ruche. La mimique souveraine, jusqu'au moindre frémissement des cils, elle maîtrise ses classiques sur le bout de la langue, toute la palette des Lucilia, Carlos do Carmo, Alfredo Marceneiro, Herminia Silva, Fernando Mauricio ou Silva Berta. «Ils sont tous différents et font le fado de quartier, celui que n'aiment pas les intellectuels», raconte Mariza, qui a introduit une touche glamour, un peu rock star, dans le blues suave du Portugal non par de quelconques synthés ou guitares électriques, mais par ses poses sophistiquées, son interprétation intense, yeux clos comme en extase