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Libération
Critique

Gauguin, esquisse d'un écrivain.

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publié le 5 décembre 2003 à 2h11

Un fac-similé numérique. C'est tout, mais c'est suffisant quand les pages numérisées sont signées P. Gauguin. Rare, surprenant, évident, le CD-Rom Gauguin écrivain, qui accompagne l'exposition du Grand Palais (Libération du 3 octobre), enrichit la visite, la prolonge ou la précède, permet de se faire une autre idée d'un peintre trop souvent réduit à sa palette de couleurs.

Gauguin, parti à Tahiti pour y «être tranquille, enfin débarrassé de l'influence de la civilisation», y a trouvé la matière pour alimenter son syncrétisme. Noa Noa est le récit illustré de son premier voyage à Tahiti, de 1891 à 1893. Diverses Choses ressemble davantage à un journal, mêlant aphorismes et souvenirs. Ancien culte mahori est la Bible mahorie de Gauguin : sur le verso de la page, il écrit à l'encre une légende, la traduit en français, et lui donne une illustration au recto. Les techniques sont diverses, dessins, aquarelles, gravures.

Ses manuscrits montrent à quel point son oeuvre n'avait qu'un rapport lointain, rêvé, avec la réalité. Sur ces îles de la fin XIXe, les bons sauvages pratiquant le culte mahori sont déjà de l'ordre du folklore. Le CD-Rom, d'une sobriété multimédia inédite (fonctions zoom, tourner la page, sommaire), présente les trois manuscrits in extenso, une première pour le grand public. Jusqu'ici dispersés (au Getty Center for History of Art de Los Angeles, au Louvre), réservés aux chercheurs en raison de la fragilité du papier, ils établissent un portrait en creux d'un Paul Gau