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Libération
Critique

Lise Andries et Geneviève Bollème.Collection de colportage.

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publié le 5 décembre 2003 à 2h11

La Bibliothèque bleue, c'est un peu comme notre livre de poche (dont elle a anticipé le format) : une nouveauté immédiatement imitée depuis son apparition - à la fin du XVIIe siècle - par les imprimeurs-libraires de France et de Navarre au temps de l'Ancien Régime, auxquels d'ailleurs elle a vaillamment survécu. En trois siècles, cette collection qui n'en est pas une a évidemment beaucoup changé, en sujets, styles, visées des éditeurs et aussi attentes des lecteurs, sauf en son aspect matériel, avec sa couverture en papier plus ou moins épais d'une belle couleur bleu roi. Elle a été le fourre-tout des éditeurs et leur principal gagne-pain, car un public populaire grandissant, qu'alimentait un réseau serré de colporteurs à la ville comme à la campagne, en redemandait davantage. Dans cette production fort hétérogène, les romans se taillent la part belle, suivis des contes chevaleresques réécrits au goût et surtout dans la langue du jour. On trouve ensuite vies de saints et d'assassins, recueils de prières et de chansons d'amour ou grivoises, textes de médecine et toutes sortes de manuels, scolaires, de savoir vivre, de savoir danser, savoir s'adresser à plus riche, plus important, plus cultivé que soi, etc. Faisant un livre d'un double recueil (l'un de textes dans leur intégralité, l'autre d'extraits significatifs, cadrés d'un agile appareil critique), Lise Andries et Geneviève Bollème gardent une manière de l'esprit de la Bibliothèque bleue, qui ne voulait finalement que dive