Parfois, pour vérifier qu'une tendance en est vraiment une, il suffit de jeter un oeil vers le Haut commissariat à la fashionnerie : Colette. La boutique a demandé à neuf créateurs (Tom Ford pour Yves Saint Laurent Rive Gauche, Miuccia Prada pour Prada, Heidi Silmane pour Dior Homme, Christopher Bailey pour Burberry...) de revisiter le classique trench coat. Pour chaque modèle, sept exemplaires exclusifs. Mais, avant de parader rue Saint-Honoré cet hiver, le trench a fait un début de carrière plutôt boueux.
Bien que la matière imperméable (obtenue par dissolution du caoutchouc et introduite entre deux pièces de tissus) fût inventée par un chercheur écossais du nom de Charles Macintosh en 1823, deux marques anglaises revendiquent la paternité de la gabardine : Burberry et Aquascutum. Pendant la Première Guerre mondiale, elles fournirent toutes deux l'armée britannique en trench coats, uniforme réglementaire. Adapté aux rigueurs des tranchées (d'où son nom), il est muni de D-rings (petits anneaux métalliques) à la taille pour y glisser les grenades et dans le dos pour le sabre. Au front comme à la ville, les Tommies ne le quittent pas. Ce sont eux qui contribueront à sa popularité. De Winston Churchill aux têtes couronnées, toute la high society anglaise a son trench.
Traversée du désert. C'est Humphrey Bogart dans Casablanca en 1943 qui en fera l'«uniforme» des privés du monde entier. Puis le trench devient une affaire de femmes. Il recouvre les tailleurs stricts de l'après-gue