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Libération
Critique

Quand le Conservatoire fait école.

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publié le 6 décembre 2003 à 2h13

Plutôt que d'intervenir au Conservatoire national supérieur d'art dramatique comme il est d'usage, la metteure en scène Gilberte Tsaï a choisi d'inviter les élèves à domicile. Au Centre dramatique national (CDN) de Montreuil, où les seize garçons et filles de 3e année ont travaillé pendant deux mois avec l'équipe de création, partageant le quotidien du théâtre et l'action menée auprès des habitants. Expérience de terrain relativement inédite dans le cadre d'une formation d'acteur. Même si la prestigieuse école parisienne, à l'étroit dans ses locaux, encourage la décentralisation des ateliers.

A ces jeunes au seuil de leur vie professionnelle, Gilberte Tsaï a proposé d'explorer le thème de sa prochaine création : l'école et la relation maître élève. Ils sont ainsi allés faire la classe à des collégiens de Bobigny, prétextant le remplacement d'un prof : un impromptu sur des textes de Marie Curie, qui enseignait elle-même à ses enfants. La promo d'acteurs a ensuite interrogé des étudiants de l'Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM), et s'est aussi nourrie de propos recueillis par les acteurs permanents du CDN dans des écoles du département. Autodidacte issue de l'immigration chinoise où les femmes ont peu voix au chapitre, Gilberte Tsaï aura opéré, avec son habituelle discrétion, un rapprochement entre des mondes qui se connaissent peu. La démarche a même valu à l'équipe d'être sollicitée par des établissements pour animer le grand débat de l'Education nationale.