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Libération
Critique

Contes cruels de la vie d'intermittent

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publié le 8 décembre 2003 à 2h14

«Chers travailleurs, chères travailleuses du spectacle : alors comme ça, on est en colère tout rouge ? On voudrait pouvoir continuer à bosser 507 heures par an pour se la couler douce avec les Assedic le restant de l'année, flemmarder lascivement au pieu, butiner son jardin secret, apprendre à marcher à ses enfants, militer pour un monde plus juste, cuisiner bio sur plaques électriques, chiner la fripe, bref, vivre sa vie ?» Le baron du Medef n'a pas signé ce texte, pourtant intitulé Lettre d'Ernest-Antoine Seillière aux intermittents. Son auteur, Mark Etc, est scénographe. Comme 100 000 techniciens et comédiens, il est intermittent du spectacle, donc concerné par la réforme du statut signé le 26 juin. Cet accord a de nombreux défauts mais un avantage : provoquer l'expression. Et la parution de deux livres qui synthétisent les prises de parole galopant depuis cinq mois.

Paroles intermittentes regroupe une centaine de textes écrits en réaction à la signature de l'accord. Il y a, parmi les contributeurs, les pamphlétaires hélant le ministre de la Culture, le gouvernement au grand complet ou le président du patronat ; les utopistes rêvant d'un monde où la culture serait aussi importante que la hausse du prix des clopes ou la baisse des impôts ; et ceux qui font un pas de côté et livrent de courtes histoires, simples et radicales.

Ainsi de la vie de Lucas X., décrite par un collectif de réalisateurs affiliés à la Société française des réalisateurs. Le jeune homme, passionné de cin