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Interview

«On ne faisait pas la révolution tous les jours»

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Film. Anne Wiazemsky, héroïne de «la Chinoise», parle de ses 20 ans au prisme du film :
publié le 9 décembre 2003 à 2h15

Pour parler de The Dreamers et de 1968, Anne Wiazemsky n'est pas loin d'être la personne idéale. Elle avait 20 ans, vivait avec Jean-Luc Godard, son mari, et, étudiante à Nanterre en 1967, découvrait la politique grâce à son copain Cohn-Bendit. L'héroïne de la Chinoise a vu le film de Bernardo Bertolucci et témoigne.

«J'étais à la Cinémathèque en février 68, j'ai vu la mobilisation des cinéphiles, les discours de Léaud et Kalfon, c'était euphorisant d'être tous ensemble, avec Jean-Luc, Rivette, Truffaut, esthétiquement très beau. Le 14 février, les CRS ont chargé à Chaillot. C'était violent. Très franchement, on était au rendez-vous, mais terrorisés. Lors de la première charge, ça a castagné, j'ai été frappée, à terre, je me suis réveillée dans les bras de Simone Signoret, je ne sais pas comment il n'y a pas eu de mort. Le préfet Grimaud a envoyé un télégramme d'excuse à ma mère.

«J'avais 20 ans, l'âge qu'il fallait pour vivre ça. L'année d'avant, j'étais à la fac à Nanterre où j'ai rencontré Cohn-Bendit. Jean-Luc me demandait de ramener des tracts et on les a utilisés pour la Chinoise, tourné au printemps 67. J'ai alors rencontré Pasolini et Bertolucci, qui était fou de cinéma. On jouait beaucoup avec les références aux films, comme dans The Dreamers. Son film est très juste, très touchant : tout d'un coup, Bertolucci retrouve l'âge de ses héros, avec innocence et ingénuité. J'envisage un livre sur cette époque et il faudrait que je retrouve cette ingénuité-là. Pour ces génér