Dans sa précédente création, l'Homme d'Hus, Camille Boitel rejoint la scène vêtu d'une peau de bête. Un amas de tréteaux dissimule le fond de scène. Il entreprend de ranger sa grotte et se prend les pieds dans les lattes en bois. Gestes maladroits, incapacité réelle à tenir sur ses deux jambes, de chute en chute, il ne parvient jamais à se surpasser.
Présence préoccupante autant qu'absence, Camille Boitel, acrobate ou clown, 23 ans, déconstruit les paramètres du rire au sein de la compagnie La mère Boitel, qui compte une poignée de comédiens et techniciens, tous présents sur scène. Le burlesque devient «brulesque», «cette forme de rire pincé qui provoque une sensation de léger vertige». L'absurde, rebaptisé «absrude» jaillit lui «dans la tension». Le grotesque, enfin, entériné «grotexte», serait le plus explosif des trois, «un giclement qui prend tout le corps».
Un regard si théorique et structuré sur l'une des propriétés physiques les plus rebattues de l'individu est chose rare. Dans Variations, qu'il présente à La Villette, Boitel fait de ces trois facettes du rire décortiqué le centre de sa performance : «Le comique provoque une écoute très intéressante, fine et attentive. On n'a pas le droit d'être absent, ne serait-ce qu'une seconde. Le rythme tient donc une place prépondérante.»
Sept minutes. Répondant au cahier des charges de La Villette, Variations doit montrer les nouvelles formes de clown, où le nez rouge et le sourcil surligné ne sont plus que des clichés vieillots.