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Portrait

Technique de pointe

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Angelin Preljocaj, 46 ans, chorégraphe d'origine albanaise. Arrivé à la danse par le judo, complexe et intériorisé, il n'appartient à aucun registre connu.
publié le 11 décembre 2003 à 2h17

Le sourire est charmeur qui détend la mâchoire assez puissante. Angelin Preljocaj, 46 ans, directeur du Ballet Preljocaj, centre chorégraphique national installé à Aix-en-Provence, n'a rien du prince romantique façon Noureev. Il est plutôt ramassé à la Nijinski. Rien n'indique même qu'il soit danseur ou chorégraphe, lui qui aime crapahuter, se payant le Kilimandjaro à 5 895 mètres. La tenue est sobre, passe partout, même si la chemise est plus sophistiquée qu'on ne le pense, autorisant de multiples boutonnages. On ne sait même pas dans quel tiroir de la danse le ranger. Dans son style spectaculaire plus qu'intimiste, il y a autant de vocabulaire classique que d'inventions personnelles. S'il chorégraphie pour sa propre compagnie, il est free-lance pour d'autres ballets, revisitant les oeuvres du passé ou créant pour l'Opéra de Paris ou de Lyon. Classique pour autant ? Non puisqu'il rendit par exemple un vibrant hommage à la modernité des Ballets Russes. Bref Angelin Preljocaj ne s'interdit rien a priori. .

Il n'y eut que Le Pen pour ne pas s'intéresser à la complexité du personnage. Dans un journal télévisé en 1995, il déclara tout de go : «Qu'il retourne à Tirana.» Preljocaj était définitivement désigné comme albanais. «Ce fut un véritable choc, se souvient le chorégraphe. Tout en intégrant la notion d'altérité, j'étais pourtant un pur produit de la culture française.» Mais Angelin, le Français, avait eu l'audace d'annoncer son départ de Châteauvallon, où il venait d'installe