L'ennuyeux, avec l'institution culturelle, c'est qu'elle est toujours en retard d'une révolution visuelle. Ainsi en est-il du «design interactif» à Beaubourg. Balayage de dix ans de création graphique interactive, l'exposition s'intéresse à l'objet ordinateur via l'interface utilisateur, soit la présentation des informations que la bête contient en affichages et bases de données plus ou moins graphiques. L'emplacement de cette plongée dans les «expériences du sensible», au sous-sol du centre, en dit long sur l'importance toute relative que le temple de la culture française consacre aux expérimentations des graphistes, ingénieurs, webmestres et artistes numériques.
Vibrionnant. Faut-il y voir la conséquence d'un malentendu linguistique ? En anglais, un designer passe de l'imprimé à la série, du papier au bois, du tissu aux pages web. En France, sauf un commun intérêt pour la forme, designers et graphistes ne sont ni instruits aux mêmes techniques, ni passés par les mêmes écoles. Ludiques, industrielles, innovantes, multimédias ou politiques, les interfaces des webdesigners, puisque c'est de cela qu'il s'agit, empruntent au design sa leçon de simplicité. Depuis la première d'entre elles, pour le jeu vidéo Pong en 1958, elles n'ont eu de cesse de permettre à un public de non-initiés de pénétrer cet univers de codes informatiques et de commandes absconses. Où s'arrête la présentation, où commence la création ? Beaubourg, en évacuant tout questionnement sur le sujet même de l'expo