Au lendemain de l'arrestation de M. Saddam Hussein Al-Taqriti, son nom de futur accusé, un clochard sommeille vers 10 heures dans les frimas de la rue Montorgueil. Une foule jeune et bourgeoise va et vient, sacs en main. Noël menace. Les aliments tendent leurs couleurs de fêtes. Les fruits et légumes hissent pavillon à même la rue piétonne. La viande a des rougeurs nourrissantes. Le poisson fuit. Le fromage sent. Les enfants pleurent, les poussettes crient, les mères se justifient. Elles ont cette agaçante voix de scie psycho-explicative qui donne à n'importe quel gosse salutairement méchant l'envie de devenir... Saddam Hussein ? De la tuer en tout cas. Le clochard, lui, bouge à peine. On ne voit pas sa tête. Il est recroquevillé le long d'un chariot lui servant à la fois d'abri, de valise et de cagibi. C'est l'escargot des rues, coquille chargée des déchets et feuilles mortes de la ville. Des cartons l'enveloppent, mais aussi, mais surtout, ces tueurs de presse légalisés : les journaux gratuits. L'un d'eux couvre sa chevelure hirsute : on y voit la photo, en clochard également hirsute, de M. Saddam Hussein Al-Taqriti. Derrière le visage du dictateur, on voit ce carreau blanc sous l'épouillage évoquant la douche, l'examen, l'hôpital : comme au centre d'accueil et d'hébergement. Il y a cette petite croûte sur la tempe droite, l'une de ces croûtes ornant sans doute la tête du clochard emballé dans les images à sensation du tyran. La façon dont les dirigeants américains ont mis
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