Au coeur du Forum des Halles, des clichés noir et blanc géants font la ronde autour du patio à ciel ouvert, en avant-goût de la salle d'exposition de la Fnac où les photos de Guillermo Vilela attendent le visiteur sur les cimaises : le profil aristocratique de Fanny Ardant, la dégaine de John Malkovich, la lassitude de Glenn Close, la gueule de travers de Quentin Tarantino. C'est risqué, dans cet environnement de pacotille, sous ce ciel d'hiver, cette guirlande de stars exhibées comme des bannières publicitaires. Et pourtant élégant.
Exilé. Rien de moins clinquant en effet que ces photos qui campent, dans un tout autre style, la magie qu'on a coutume d'imputer aux vieilles images Harcourt. Les photos de Vilela n'ont rien à voir avec leurs effets léchés et sont douées d'une autre vigueur dramatique. Classiques, sobres, elles ignorent tout autant la frime, les angles bizarres, les focales épate-bourgeois, la volonté de se faire remarquer aux dépens du modèle. Mais elles irradient son amour des gens et du cinéma.
Né en Argentine en 1946, il était arrivé en France dans les années 80, fuyant la tyrannie des militaires dans son pays natal. A Paris, il a beaucoup travaillé pour la presse. On lui avait, à ses débuts, demandé s'il connaissait «des gens à Hollywood». «Oh, aurait répondu ce cinéphile, je les connais tous, c'est eux qui ne me connaissent pas !» Ils ont fini par le connaître, de Bette Davis à Coppola, en passant par Mitchum ou les frères Coen.
En Patagonie. En 1989, Libérat