«Monsieur Du» pose assis, une fillette contre lui, encadré par deux femmes. Son épouse ? Sa belle-soeur inséparable, comme chez Charles Dickens ? On n'en saura pas plus sur «Monsieur Du et sa famille» (1865), dont l'image est montrée au musée d'Orsay, avec une centaine d'autres photos de famille du XIXe siècle et du début du XXe. L'accrochage, qui permet de voir de beaux daguerréotypes (sur plaques de cuivre argenté), des clichés d'inconnus, ou de familles célèbres Hugo ou Zola (lire ci-contre) , donne un aperçu de la naissance de la photo de famille. Rencontre avec Dominique de Font-Réaulx, commissaire de l'exposition.
Comment des photos de famille se retrouvent-elles aux murs d'un musée ?
La collection photographique du musée d'Orsay, que nous essayons de présenter par roulement, est constituée de quelque 50 000 tirages. Parmi ces images, nous avons un fonds assez important de photos de famille, parvenues par donations (souvent des héritiers) ou achat. C'est un fonds biaisé, puisque ce sont des photos de familles d'artistes. Mais qui couvre un large pan de la société du XIXe siècle, depuis l'aristocratie jusqu'à la petite et moyenne bourgeoisie. Avec l'exposition d'aujourd'hui, on a voulu montrer la naissance du genre très codifié de la photo de famille. Elle est là pour contribuer à valoriser le modèle familial, mais ne dévoile pas le vrai intime, puisque la mort et la sexualité sont gommées. Certes, on prenait les proches sur leur lit de mort, mais on gardait cachées ce