«Pointu c'est un peu rond», décrète Léna, 7 ans, l'index sur un pic de montagne. «Nous aussi, nous allons créer notre carte en relief, explique Samuel aux enfants en rangeant le matériel d'observation, mais nous n'avons que des feuilles plates. Comment faire ?» Chacun cherche la solution dans les yeux de l'autre. Emilien et Juliette, 5 ans, qui ont débarqué main dans la main, affichent la même mine éberluée. «Choisissez votre environnement : une feuille bleue pour l'eau, jaune ça peut être le désert, et vert les montagnes, continue Samuel. Ramassez la feuille entre vos doigts pour en faire une boule. En se dépliant, ça va donner la forme. Vous allez inventer votre monde.»
Globe. Jusqu'en mars, les jeunes visiteurs de la galerie des enfants du centre Pompidou peuvent enchaîner la visite de L'Invention du monde et un atelier de pratique artistique. L'exposition commence dès le hall, sous les pieds du public, par une gigantesque carte IGN que les uns piétinent en faisant la queue, là où d'autres improvisent une marelle conquérante d'un continent à l'autre. A l'intérieur de la galerie, l'une des premières Mappa brodées d'Alighiero e Boetti offre dans tout l'éclat de ses couleurs le propos central de l'exposition : ce qu'il advient de la représentation du globe lorsque les artistes détournent les codes de la géographie.
L'artiste italien a demandé à des Afghanes de réaliser cette carte où les pays sont représentés par leurs drapeaux. Pendant plus de vingt ans, au fil des bouleverse