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publié le 24 décembre 2003 à 2h27

Un ruban, en faux noeud de Moebius, se tortille dans la galerie sud du Centre Pompidou. De petites images y sont alignées : la Chronophotographie d'Etienne-Jules Marey, les Joyeuses Commères de Windsor de Man Ray, le toit de la Casa Mila de Gaudí, le Modulor de Le Corbusier, Living Pod des architectes anglais radicaux d'Archigram... Ce continuum de formes et de corps s'attrape comme un mouvement de pensée, et autant de sources d'une histoire de l'architecture à reconnecter. Autour de cette banderole annonciatrice s'organisent les projets de douze jeunes architectes internationaux réunis sous l'expression d'Architectures non standard, sans aucune hiérarchisation.

Fin de la ligne droite. Au premier regard, on comprend ce qui rassemble ces expérimentateurs : avec eux, la ligne droite, c'est fini. Un vocabulaire organique se dessine. Courbes, anneaux, embryons, plis, hybridations, capteurs, génèrent des paysages flous et mouvants, parfois des «hypercorps», où les fonctionnalités se dilatent. Ces gestateurs explorent et mettent en application les outils numériques pour la conception et la production architecturale. Contrairement aux expressionnistes ou aux mouvements radicaux des années 1960-70 qui, faute d'outils, n'ont jamais pu réaliser leurs manifestes, ces architectes sont au bord de pouvoir industrialiser des formes tordues, uniques, grâce au prototypage informatique.

Les commissaires de l'exposition, Fréderic Migayrou et Zeynep Mennan, posent le «non standard» comme une décl