Un décor doit-il se voir ou se rendre invisible ? C'est la question que Jean-Pierre Berthomé, historien du cinéma spécialiste de Demy, d'Ophuls, de Trauner, pose aux films qu'il étudie. Là réside l'intérêt et l'ambiguïté de cette «histoire de l'art du décor au cinéma», d'autant plus complète qu'elle est minutieusement commentée par des croquis ou des maquettes et judicieusement illustrée par de spectaculaires photographies de plateau. Plus un décor est invisible, plus l'impression de réalité qui ressort d'un film est majuscule, plus sa «vérité» flatte notre désir naturel d'un «spectacle authentique». Cela devrait dissuader toute ambition décorative dans les films. Par quel miracle, cependant, le spectateur peut-il trouver du plaisir à «voir le décor», autrement dit à tomber dans le panneau ?
Démiurge. Berthomé avance deux hypothèses. D'une part, la «grandeur d'un décor qui sait se rendre invisible», conception qui place les métiers du cinéma sous la coupe irrécusable du seul metteur en scène démiurge : de Murnau à Godard, en passant par Ford, Hawks, Lang, Rossellini, Bergman, tous les «auteurs» intègrent absolument les éléments du film dans leur univers pour en faire une des expressions les plus singulières de leur personnalité. Le décor est beau ici parce qu'il ne se voit pas comme tel mais comme une projection matérielle de l'esprit du cinéaste...
Couple. L'autre hypothèse, celle du «couple» réalisateur-décorateur et de sa manière d'évoluer conjointement dans les grands stud