On fait accroire que la nuit de la Saint-Sylvestre verrait loups et démons sortir de leurs tanières. On en conjure le sort depuis la nuit des temps à l'aide de rites païens étranges qui varient selon les époques et les continents. Les Mayas, par exemple, après s'être copieusement enivrés pour réaliser le voyage dans le temps, revêtissaient mufles de jaguar et ailes de condor, puis dansaient jusqu'à épuisement au rythme de la flûte et des tambourins. Aujourd'hui, bien que les autochtones aient été décimés, affamés et virés de leurs terres, leurs descendants continuent de danser au son des pétards, quitte à finir aux urgences la main en feu. En Mandchourie, c'est d'une pioche et d'un fusil dont on s'empare pour chasser les mauvais esprits, avant de se carapater en attendant le jour prochain, par 50 °C dehors. En France aussi, on trompe l'ennui comme on peut. Mais à Montbéliard et à Calais cette année, on revêt un anorak et on chausse des bottes pour sortir dans la rue.
«Evénementiel jetable». Dans la cité voisine de Belfort, le réveillon 2003 est en chantier depuis deux ans. Les festivités du millénaire, les Roues sur les Champs-Elysées ou la présence de Transe Express sur le parvis de Beaubourg en 2000, ont donné des idées. Les compagnies d'arts de la rue ont su faire du 31 un terrain de jeu privilégié, comme un ultime pied de nez à une convention qui a la peau dure. Cependant, cet «événementiel jetable», selon Jean-Raymond Jacob, directeur artistique de la nuit et tête pens