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Portrait

De vieux en mieux

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publié le 9 janvier 2004 à 21h48

Je n'aime pas la profession de designer, commence par dire Hella Jongerius. Certains d'entre eux ne donnent plus de sens à leur travail. La beauté, c'est insuffisant.» Cette Néerlandaise née en 1963 trace depuis 1993, date de sa sortie de l'académie d'Eindhoven, un chemin atypique. Mais elle ne se place pas en donneuse de leçons. Dans le livre que les éditions Phaidon viennent de lui consacrer (1), elle ajoute : «Ma critique du design s'applique à moi-même comme aux autres.» C'est cette douce iconoclaste qui est lauréate du Prix du créateur du Salon du meuble Paris 2004. Un choix plutôt décalé pour une manifestation commerciale qui vend les standards du marché au mètre carré mais qui, cette année, met visiblement en avant une petite vitrine culturelle. Dans ce grand champ annuel d'images et de communication, Hella la chercheuse, qui explique «que le bon design n'est pas nécessairement une bonne marchandise», est la bienvenue.

Vases mous. Une de ses convictions, c'est de réaffirmer, après bien d'autres certes, qu'il y a «trop de produits». Sa réponse est plus intrigante : elle invente des «antiquités nouvellement fabriquées». Car Jongerius interroge le passé, remixe artisanat et industrie, croise différents matériaux, plusieurs techniques. Ainsi, cette spécialiste du textile incruste des broderies sur ses vases en céramique Prince et Princess (2000). Elle greffe de délicates coupelles en verre sur des petites bombonnes de gaz pour les transfigurer en lampes, Blizzardbulb (2002