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Libération
Critique

Locos motivés

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publié le 9 janvier 2004 à 21h48

Le petit train, c'est un territoire entier de l'enfance que les adul-tes se sont toujours permis de cultiver au-delà de la limite d'âge raisonnable. Sous le prétexte du modélisme par exemple, passion horlo-gère et miniaturisante, on ne s'étonne plus de voir des hommes mûrs ou même très vieux jouer les chefs de gare au milieu de vallons de carton-pâte par-dessus lesquels s'entrecroisent des viaducs en plastique.

Illuminés. D'une certaine façon, on continue de juger l'activité du petit train comme étant plus «sérieuse» ou prêtant moins au ridicule que les autres jeux de l'enfance et c'est sans doute pourquoi elle a trouvé une extension durable dans le domaine de la virtualité ludique. Dans le monde des jeux sur PC, c'est presque une catégorie en soi : un sous-genre autonome dans la grande famille de la gestion-simulation. Au Japon ou aux Etats-Unis, on trouve de véritables illuminés de cette cause ferroviaire, des clubs entiers d'adorateurs obsessionnels pour lesquels existent des jeux d'ailleurs introuvables en Europe et qui coupent indéfiniment les cheveux en quatre : interconnexions des réseaux ferrés, réalisme des locomotives (licenciées auprès des «vrais» constructeurs, comme les joueurs de foot virtuels sont négociés avec leurs clubs), casse-tête des horaires, etc. La spécialisation et l'en- richissement de ce créneau semblent sans limite. De même que l'attachement des fans chez lesquels on retrouve la folie douce caractéristique des «trainspotters» du monde réel, ces man