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Libération

Prix Noël de la paix

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publié le 9 janvier 2004 à 21h48

On a longtemps attribué à MC Solaar le titre de «rapper light» à cause de sa chamallowesque et sociocucu perception du monde, aux antipodes de NTM, Eminem ou Shurik'n. Malgré son considérable succès, il est toujours resté pour les puristes une sorte de Dido du rap. Cette réputation de good boy tranquillisant ne va pas s'arranger avec La vie est belle, son dernier single. L'un de ses plus fervents attachés de presse, André Santini, le député-maire d'Issy-les-Moulineaux, s'enflammait ainsi sur Radio Nova : «Aah, Solaar, c'est vraiment un poète. Je ne sais pas s'il a fait des études, Normale sup ou quoi, mais, en tout cas, c'est quelqu'un qui prône la tolérance. Il ne veut pas niquer la mère ou tuer la police, comme certains.» On imagine facilement la profonde gêne de l'intéressé devant cette tirade du paneliste le plus drôle de l'UMP, Solaar ayant besoin de tout sauf d'être rangé parmi les popstars gouvernementales. Mais, au fond, ce qui agace et intrigue chez lui, c'est finalement moins ce plébiscite régulier par la ménagère cultivée de moins de 40 ans, ou le député UMP de plus de 50, que son insupportable rapport PEACE à toute chose. Dans La vie est belle, il tient pourtant les commandes d'un avion de chasse. Il survole le monde post 11-Septembre. Il chante : «J'apprends dans les journaux que j'suis dans l'axe du mal/ Je lis entre les lignes et j'comprends qu'on veut me killer.» Dans sa réponse stylisée Top Gun, il tire même des missiles. Mais, voilà, les missiles Solaar son