Menu
Libération
Critique

Ragganights

Article réservé aux abonnés
publié le 9 janvier 2004 à 21h48

A Ménilmontant, l'Eurobar ne paie vraiment pas de mine : une enseigne ringarde, un intérieur «roots de chez roots», des tables contre le mur de droite, le comptoir à gauche, des toilettes turques et une backroom sans sex-appeal du tout. Mais, au fond à gauche, deux platines et deux énormes enceintes. Du mercredi au samedi, ici, on est en Jamaïque. Les filles se déhanchent comme dans les clips, connaissent toutes les nouvelles danses caribéennes. Les garçons tentent leur chance, tapent sur les murs pour montrer aux «selectors» qu'ils apprécient leur musique.

Ex-alternatif. C'est Hafid, «le gros», qui a ouvert l'Eurobar, bien avant que l'on passe à la monnaie unique sauf que les prix n'ont pas augmenté depuis le début des années 90, c'est toujours 13 francs la bière pression (2 euros). Tewfik, le nouveau propriétaire, venait du même village en Algérie, Tazmlat en Kabylie. Il rêvait de devenir informaticien, il s'est retrouvé à travailler dans le bâtiment «pour manger». Comme il logeait au dessus de l'Eurobar, Hafid lui propose vite de faire quelques extras le week-end.

Au début des années 90, le bar faisait partie de la tournée des grands ducs du rock alternatif de Ménilmontant. Tarace Boulba, les Fils de Teupu & Co. commençaient à la terrasse du Soleil sur le boulevard, remontaient la rue de Ménilmontant, prenaient la première à droite sur Victor-Letalle, s'arrêtaient à l'Eurobar et continuaient au Lou-Pascalou.

Sans promo. Les rockers rangés, «on les voit pousser des landaus ma