Voici l'histoire de Basile, tyran moins pittoresque et infiniment plus dangereux que notre Ubu, régnant lui aussi sur une Pologne imaginaire, inventée au XVIIe siècle par Calderon de la Barca.
Sous le prétexte d'une prédiction selon laquelle son fils Sigismond le dépasserait en tout, et d'abord en cruauté, Basile le fait enfermer sans autre compagnie que Clothalde, fidèle vassal, un peu éducateur, surtout geôlier. Après plusieurs années, voulant se prouver qu'il a eu raison, le roi délivre le prince. Lequel, désemparé, peu habitué aux rapports sociaux, se comporte évidemment en brute sauvage. D'autant que son pervers de père lui embrouille l'esprit en lui suggérant que peut-être il rêve sa délivrance, comme peut-être hier il a rêvé la prison. Où, en toute bonne conscience, il va être renvoyé après avoir été anesthésié...
Voilà la base du travail de Guillaume Delaveau, qui met en scène la Vie est un songe en farce épique, secouée de rires rageurs, à laquelle viennent s'imbriquer des intrigues annexes, histoires de famille aussi touffues et improbables que les plus extravagants feuilletons. Il en a eu l'idée, écrit-il, après avoir lu Calderon de Pasolini, et travaillé sur les meurtrières figures paternelles de la mythologie grecque (il a monté le Philoctète de Sophocle).
Donc, il ne s'agit plus là de se demander où est le vrai où est le faux, où est le rêve où est le réel, mais de creuser au-dedans de cette étrange peur du père à l'égard du fils, autre lui-même qu'il veut dét