Dans le métro, il est facile de lire les grosses publicités sur le mur d'en face. Parfois, des graffitis les entourent ou les recouvrent ; qu'ils fassent contrepoint ou les dénoncent, ils les accompagnent avec discipline, comme des rémoras ou des oiseaux pic-boeuf sur le dos d'un buffle labourant son ornière. Les graffitis sont comme les publicités : ils s'adressent à ceux qui attendent, glissent et ne lisent pas ; ils crient le même langage de nerfs muets. On est face aux rails. Les odeurs viennent. On se déplace un peu pour éviter de monter dans le même wagon que l'aboyeur sans domicile fixe (lequel, rusé, fuse au dernier moment, comme un diable d'une boîte à déprime), le groupe de musiciens tziganes qui menace. On attend que la rame jaillisse pour se jeter dedans ou, quelquefois, dessous. Face aux rails : c'est la position naturelle. Depuis quelques années, la RATP cherche à nous retourner : dos au rail et face au mur. Entre les plans, les bancs et les règlements, elle a d'abord installé ces poèmes, souvent beaux, dont les parfums restent comme ceux des fleurs une seconde, une minute, pas plus, car on a rarement l'envie et jamais le temps de les noter. Ensuite, il y a eu ces affiches à thème en partenariat avec le musée du Louvre. Il fut question de mystères, de gourmandises, de musique, d'animaux fantastiques, de mer et d'enfance. Jusqu'en mars, la neuvième série invoque l'amour sur les lignes 1 et 7. Le principe : une oeuvre, sur laquelle se pose le regard d'une célébri
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