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Libération

Marc Newson, l'homme au jet

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publié le 30 janvier 2004 à 22h24

Dans les murs de verre de la Fondation Cartier vient d'«atterrir» le Kelvin 40, un petit avion gris et blanc du designer australien Marc Newson. Incongru ? Pas complètement, car l'on sait que ce créateur bolide consacre 60 % de son travail à l'industrie aéronautique, notamment pour la compagnie australienne Qantas. Et qu'il a déjà carrossé en 1986 sa célèbre chaise Locked Lounge Chair qui, au final, évoquait pour lui un vieux DC-3. Marc Newson, dont les inventions déferlent depuis les années 90, n'a pas qu'un petit vélo dans la tête, la bicyclette Biomega, ni la planche de surf qui roule derrière lui comme un cliché, mais fondamentalement un avion.

Posé sur ses roues, ce mini-jet biplace est emprisonné sur place. «C'est un jet en quarantaine, qui est arrivé avant de partir, commente le philosophe Paul Virilio. Un avion fictif, qui ne sert qu'à être vu ! C'est la forme qui crée l'image, toutes les images (1).» On tourne donc autour de cette «image-avion» qui évoque un poisson plat, une sorte de raie peut-être. On ne sait plus si l'on doit le regarder au même titre qu'une (énorme) poêle Tefal que Newson a récemment signée, ou comme une sculpture. Car, au stade de cette exposition, Kelvin 40 pourrait être «garé» tel une «oeuvre d'art», un «avion idéal sculpté», comme le vend la fondation.

Projet scientifique. Cet avion en aluminium et fibre de carbone peut-il briser sa cage de vitres ? Est-il de l'art ou du poisson ? Marc Newson s'amuse un peu de ce paradoxe, mais ne gâche pas so