La guerre du Vietnam a-t-elle réellement existé ? Paradoxalement, Vietnam Romance, le film d'Eddo Stern, un composite d'extraits de jeux vidéo sur bande-son hyperréférentielle (tous les tubes des années soixante ayant accompagné les pacifistes ou les soldats américains perdus au fin fond de la jungle), pousse à ce type de questionnement absurde. Comme si, à force de représentations, au cinéma, dans les jeux vidéo et dans l'imaginaire collectif, ce conflit était sorti de la réalité historique pour devenir un mythe. Un fantasme de guerre, illustré à la perfection par les images des war games.
Cadrage. Né en Israël, Eddo Stern vit à Los Angeles, Etats-Unis, depuis une dizaine d'années. Baigné de culture digitale, il confesse sa condition de hard-core gamer. «Je suis artiste et il se trouve que je suis obsédé par les jeux.» Ses pièces, films ou sculptures «mécaniques» opèrent un léger déplacement de point de vue, subtil et glaçant, comme si le spectateur, privé de joystick et de manette, ouvrait les yeux sur la morbidité, la cruauté et la perversité de certains jeux. Un soldat cadré «first person shooter» s'acharne sur un crâne humain, en gros plan, et c'est tous les tirs de tous les jeux qui deviennent ultraviolents.
Eddo Stern écrit ses films à partir des jeux, autour des jeux, dans les jeux, s'adressant aussi bien aux gamers qu'aux cinéphiles et au public de l'art contemporain. Les premiers joueront à repérer la douzaine de titres compilés : Deer Hunter pour l'incursion en terr