Anthony Mann est resté célèbre pour ses westerns des années 50, dont un véritable carré d'as avec James Stewart. Les derniers titres de la collection des Introuvables rappellent que le réalisateur de Winchester 73 fut tout aussi inspiré avant et après, dans des genres très différents. Les quatre films en noir et blanc, exhumés dans des copies aux beaux contrastes mais parfois tremblotantes, peuvent être regroupés en deux paires. Tournés en 1948, la Brigade du suicide et Marché de brutes ont également en commun le genre (film noir, très noir), l'acteur vedette (le massif Dennis O'Keefe, flic de la brigade financière dans un cas, truand en cavale dans l'autre) et, surtout, le chef opérateur, le Hongrois John Alton, dont la photographie expressionniste donne une tonalité fantastique à un récit au réalisme quasi documentaire.
Durs à cuire. Les deux autres titres, réalisés à la fin de la décennie suivante, sont a priori beaucoup plus dissemblables : Cote 465 relève du film de guerre abstrait (l'ennemi est invisible ou presque, l'action se déroule en Corée mais pourrait être transposée telle quelle à Guadalcanal ou au Vietnam) quand le Petit Arpent du bon Dieu est une comédie dramatique et érotique du Sud profond. Mais ils proposent le même casting de durs à cuire (Robert Ryan et Aldo Ray) et, là encore, le même directeur photo (Ernest Haller) dont les éclairages, plus neutres que ceux de John Alton, n'en sont pas moins inquiétants. Comme toutes les grandes séries B, les deux p