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Libération
Enquête

Design extérieur de richesse

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Longtemps méprisé parce que trop cher et élitiste, le design se fait une place dans l'Hexagone. Sans que les créateurs y trouvent toujours leur compte.
publié le 13 février 2004 à 22h59

En début d'année, le design monte sur ses podiums parisiens. Deux salons concurrents (celui du Meuble porte de Versailles et Maison & Objet à Villepinte), des expositions off en showroom et galeries, des remises de prix, des vernissages : les événements se multiplient, et certains sont fédérés depuis deux ans par le label Paris Capitale de la création-mairie de Paris. La presse dégaine ses numéros spéciaux. Il y a de l'esbroufe dans toute cette effervescence et cette surcommunication, à la manière de la mode dans les années 80. Non, Paris n'est pas Milan. Mais le design de meuble et d'objets ferait-il enfin une petite percée dans l'Hexagone ?

Handicaps. En France, le genre n'a jamais occupé la place qu'il tient en Europe du Nord, en Allemagne ou en Italie depuis l'après-guerre. Dans un pays muséal et patrimonial par excellence, dominé par l'histoire des styles, trois décennies d'arts décoratifs (années 20-30-40) très riches, cet art appliqué est prisé quand il est technologique, automobile et électronique, gommé quand il se décline anonymement en grande série, méprisé comme objet de consommation utile mais sans noblesse, rejeté quand il est signé comme le code social d'un petit club très élitiste, vilipendé car trop cher (lire ci-dessous). En avril 2003, Technikart associait sur sa une «Boum du design» et «Sales bourgeois !».

En dépit de tous ces handicaps, certains acteurs du design détectent une évolution très récente. «Il y a une appétence nouvelle pour le design, c'est un