D'où provient l'étrange pouvoir de séduction du clip d'Outkast, Hey Ya ? La question s'impose au moment où le dernier album duo de rap américain, Speakerboxxx/The Love Below, vient de décrocher un Grammy award. Mais ce sont surtout les troublantes vertus hypnotiques du clip tout vert d'Hey Ya et sa valeur mass-médiatique qui nous intéressent ici. On y voit les deux membres d'Outkast, Andre 3000 et Big Boi, rejouer de manière totalement déjantée l'une des apparitions télévisées mythiques des Beatles. Clonés en triple exemplaire, déguisés en tenues hippiques avec bombe, bottes et pantalons de cheval, ils interprètent le titre sur un plateau de télévision en surchauffe. Ils sourient, dansent béatement, comme des répliquants guidés au laser. Ils irradient la salle de leur show néo-rétro. On dirait une version soul et soft de Chris Tucker jouant la folle tordue radiophonique du Cinquième Element. Les fans hurlent leur bonheur. Ils (surtout elles) ouvrent la bouche en serrant les poings. Leurs cris couvrent évidemment la chanson. Suivez mon regard. Les rappeurs n'ont jamais caché qu'ils s'inspiraient du Ed Sullivan Show, le premier plateau de télévision américain à accueillir les Beatles. C'était le 9 février 1964, il y a quarante ans presque jour pour jour. Forts de leur explosive aura européenne, les Beatles débarquaient triomphants aux Etats-Unis. Ce soir-là, CBS réalisait une audience record (73 millions de téléspectateurs, lit-on partout). Ce moment hystérique fut parfaitemen
En vert et contre tout
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par Emmanuel PONCET
publié le 13 février 2004 à 22h59
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