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Libération

Le Jardin d'Acclimatation

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publié le 13 février 2004 à 22h59

Thierry Ardisson observe samedi soir en souriant les deux Bernard assis côte à côte, lesquels sourient en le regardant ou en se regardant. A cette heure-là, sur France 2, il y a plus de sourires que d'hommes pour les distribuer. On sourit plus qu'on respire, comme si on allait bientôt mourir. Les deux Bernard : Tapie et Kouchner. Le premier est venu vendre une pièce de théâtre dans laquelle il joue. Le second est venu vendre un livre qui semble sa lettre de motivation comme candidat à la succession onusienne de Kofi Annan. Mais ce pourrait être le contraire : Kouchner a autant l'air d'un acteur flatté que Tapie d'un héros humanitaire. Les deux ayant l'air de ce qu'ils sont, ici, cette nuit : des aventuriers politiques vieillissant à qui le spectacle, toute forme de spectacle, donne un supplément de jeunesse, d'arme et d'oubli. Il est certain que Kouchner a beaucoup fait depuis trente ans pour l'idéal humanitaire et les droits de l'homme, et qu'il a bien travaillé au Kosovo. Il est également certain que Tapie a beaucoup fait depuis vingt ans contre l'idéal politique et qu'il a mal travaillé à Marseille. Mais, à l'image, on n'en est plus là. La mémoire et la distinction politique et humaine sont dissoutes et les deux hommes se confondent en leurs grimaces. Ils se tutoient, ils s'aiment. Pire, ils se ressemblent. Tapie dit à Kouchner qu'il devrait emmerder les socialistes et se présenter à l'élection présidentielle. N'est-il pas, malgré son rapport payé disculpant Total en Birm