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Libération
Critique

Drôles de draps.

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publié le 20 février 2004 à 23h13

Tête de mort et licorne, antidépresseur et voiture, flingue et guitare électrique: ces duos a priori appariés, une fois brodés sur un drap de lit, un coussin ou une taie, se font icônes d'un monde où le rock et la guerre, la crise et les doudous cohabitent dans les têtes d'une génération biberonnée au cocktail télé-jeu-musique-mondialisation. Pas étonnant qu'en six mois d'existence, le Lust-Project (littéralement «projet de désir»), ait conquis magasins hype et salons design. Colette et Surface2Air, Astier de Villatte ou l'Epicerie de mode à Paris, Comme des garçons à Tokyo ou Figure 8 à Melbourne ont déjà pris commande de séries très limitées des deux Parigots, originaires des Pays-Bas et d'Allemagne. Anne Margreet Honing, artiste revenue du «snobisme du milieu de l'art», a eu envie de «s'abaisser à faire de la déco» et investir un «espace encore vierge, de la taille d'un grand dessin : la housse de couette». Marre des sempiternels motifs à fleurs ou à pois, envie de dormir dans une imagerie contemporaine, la sienne.

«Je ne sais pas coudre un bouton», dit la jeune femme d'un air candide, en montrant ses surpiqués tremblés qui sont devenus sa marque de fabrique. Elle débute en customisant des draps pour les copains, puis imagine coussins et housses en popeline, coton d'Egypte ou lin, auxquels elle ajoute ses empiècements ludiques et cyniques. L'éculé «I love New York» se transforme en «I love my bed», composé de morceaux de «chemises à rayures des hommes d'affaires».

Anne Marg