L'abat-jour partagiciel existe, ce sont des Britanniques qui l'ont mis au point. L'esprit «free» issu de la culture de l'open source (publication des codes logiciels pour permettre leurs diffusion, copie et reproduction), grignote des pans entiers de la création. «Open source furniture», l'abat-jour du collectif d'artistes et architectes Fat, est protégé par la licence publique GNU, qui a servi au développement de Linux, le concurrent le plus sérieux des géants privés du secteur, Microsoft en tête.
L'initiative de Fat est à la fois simple et radicale. Simple comme une impression : on choisit son motif (texte dadaïste ou tranches d'ananas) avant de suivre le mode d'emploi pour le pliage. «Enfin vous pouvez faire entrer une touche de design chez vous gratuitement. Comme pour les logiciels, vous pouvez améliorer ce que vous trouverez ici», explique Fat. Protéger un objet physique aux termes d'une licence conçue pour des pratiques immatérielles relève quasi du prosélytisme : «J'aime l'idée de distribuer le design en dehors des contingences du marché, qui sapent la relation entre design et designer boutiques de luxe, prix faramineux, etc.», justifie Sam Jacob, membre de Fat. Jusqu'ici, artistes et juristes avaient travaillé à des licences libres spécifiques à la création, comme la LAL (licence art libre) en France ou les Creative Commons aux Etats-Unis.
Personne encore ne s'était attaqué aux créations en «dur». «L'idée de quelque chose qui apparaisse physiquement, un petit bout d