Avant l'Internet et la globalisation, l'ailleurs n'était guère plus loin que de l'autre côté de la frontière, en Allemagne ou en Italie. Or la planète a rapetissé : la visite de «Beijing De-Zoned Paris» permet de le vérifier: de Paris à Pékin, les référents culturels, hier géographiques, ont muté, pour devenir générationnels , communautaires, voire sexués.
Une poignée d'étudiants du programme de recherche des Beaux-Arts parisiens confrontent leurs visions d'artistes multimédias à celle de jeunes Chinois de la Central Academy of Fine Arts de Pékin. Les Européens ont passé un mois à Pékin, y ont conçu des projets spécifiques. Les Chinois ont échangé avec eux par mails, générant un «ping-pong entre les deux continents» qui «crée virtuellement un monde commun», dixit le dossier de presse. Où les différences culturelles affleurent à peine, à l'exception du très «classique» Ink's Song de Chen Zuo, une réactivation en vidéo de deux piliers de la culture chinoise, la calligraphie et le Guqin (un instrument à cordes). Sans doute les obsessions chinoises paraissent-elles focalisées sur le corps (façon d'éviter les sujets politiques?), un corps fantasmé, exploité, bridé ou encore travaillé par les technologies. Zhang Dan et Chen Man trafiquent les représentations de leurs corps lissés, comme si les images de synthèse les faisaient flotter entre rêve et réalité, avec projections de substances laiteuses les évitant comme par magie (Preference). Chen Lingyang joue aussi du registre malsain