Philippe Buonafine s'occupe de conseil en développement auprès de sociétés comme Dior Parfums ou PSA au sein de l'agence Prise de Courants.
Comment voyez-vous cette repolarisation masculin-masculin, féminin-féminin ?
Avant tout, comme le fait de la volonté des femmes. Après avoir joué les executive women, dans les années 1980, elles ont cherché à se réapproprier leur féminité. Le porno chic et le retour des bimbos en furent des signes majeurs.
Et les hommes...
Sous la pression, ils ont d'abord été tenus d'intégrer leur féminité, de sortir de leur pose de machos à gourmette. Et dans un phénomène de bascule, les femmes réclament maintenant à nouveau des mecs plus mecs.
Les hommes se sont-ils sentis un peu largués ?
L'identité hétérosexuelle avait quelque chose d'essoufflé. Demander aux hommes d'intégrer leurs émotions eut pour résultat de les faire flipper. Paradoxalement, ce sont les gays qui, développant une imagerie de surhomme tout en biscoteaux, prirent le relais. Cette réappropriation du genre masculin par des hommes aimant les hommes s'est faite de façon ludique. Cela fabriquait quelque chose de nouveau, une masculinité désinhibée. N'oublions pas que nos pères et grands-pères n'avaient aucune latitude pour jouer avec leur image. Ils avaient déjà du mal à la construire, alors la bousculer, on n'y pense même pas ! Avant, dans les schémas classiques, l'homme désirait la femme, il ne pouvait pas se revendiquer comme étant un objet de désir.
Et pourquoi pas l'homme, objet de désir