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Libération

Laine viscérale

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publié le 5 mars 2004 à 23h36

Deux mecs meurent à cause d'une femme qui tricote. C'est le cruel bilan du nouveau clip réalisé par Michel Gondry. Il faut immédiatement mettre ce vidéodrame en relation avec l'étonnant revival Lambswool dans les cafés du canal Saint-Martin ­ et aussi paraît-il dans certains spots new-yorkais. Des torrents de laine se déversent en effet dans le film imaginé par le Français pour les jeunes rockers de Steriogram. On croyait la mythique moumoute médiatiquement remisée dans un sous-sol de l'INA, avec les bains moussants Woolmark d'Anne Parillaud. Mais non. A l'instar de la pâte à modeler, la laine véritable redevient ici une matière visuelle tout à fait payante. L'intrigue du clip est un peu compliquée, pour ne pas dire totalement décousue. Mais on distingue une jeune fille langoureusement allongée sur le sol. Elle tricote une esquisse de pull rouge. Tout va très vite.La moitié de chaussette trouée se transforme soudain en virulent foyer lainier. La fille ne maîtrise plus ses aiguilles. Tel le majeur de Spiderman resté bloqué sur la paume, elle ne cesse de produire du fil. Celui-ci envahit tout. Il recouvre la batterie des Steriogram. La caisse claire, la pédale charleston se retrouvent soudain habillés comme des caniches nains en hiver. Le fil s'infiltre partout. Il envahit le studio d'enregistrement, contamine les équaliseurs, comme une gluante substance Alien. Ensuite, ça vire au n'importe quoi. La laine remplace la pellicule d'un projecteur de cinéma. Tout ce que l'on retien