En regardant lundi Sissi dans le rôle d'Arielle Dombasle, la morte jouant la vive, la vieille question revient : depuis quand a-t-on cette impression, face aux loukoums audiovisuels, sous la créature en boucle et en promotion, de ne plus sentir respirer le personnage ? Depuis quand ne peut-on plus l'inventer ? Se l'approprier ? Rêver sur lui sans penser à l'autre ? Chacun répondra pour soi : la télévision est une expérience intime. Peut-être cette confusion des genres a-t-elle explosé quand le comte de Monte-Cristo joua sur TF1 le rôle de Gérard Depardieu. Soudain, la grosse télé chasse définitivement le roman de ses terres imaginaires pour y installer son étoile suante et gominée, comme s'il n'y avait plus de place pour deux. Depardieu dévore le héros de Dumas et le chie dans sa propre image comme un rêve en transit. L'ordre des préséances change. Ce n'est plus un grand rôle interprété par un grand acteur. C'est un gros acteur phagocytant un rôle pour imposer sa présence ; utilisant le patrimoine romanesque pour définir, encore et toujours, son personnage public. Depardieu pénètre dans les vieux habits de Dantès comme le cafard géant de Men in black aspire la chair des hommes et se glisse dans leur peau. De même, Arielle Dombasle n'est pas Sissi : elle est Arielle Dombasle prenant la peau de Sissi. A l'inverse, Romy Schneider était Sissi, et le reste. Non seulement parce qu'elle était inconnue ; mais avant tout parce qu'elle est actrice, et non un être intermédiaire. Commen
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