Un mercredi après-midi. Comme d'habitude, la grise rue des Roses, au fin fond du XVIIIe, est déserte. Il faut pousser la promenade jusqu'au bout de la ruelle pour se trouver nez à nez avec l'ovni du quartier, une petite boutique, à la devanture riante, truffée de jouets et d'objets insolites. Paradis des amoureux de la pellicule et des bulles, la Bande des cinés anime ce morne quartier depuis deux ans. A n'importe quelle heure du jour, les maigres interstices vacants entre les murs croulants de BD et de bobines sont squattés par une faune colorée, gamins dévorant les 150 kg de mangas, dame âgée incollable sur le huitième art, cinéphiles fétichistes et amateurs de série Z.
Passion.
Les tenanciers de ce charmant bazar, Fred (ciné) et Jérôme (BD), 38 et 30 ans, tous deux atteints de «collectionnite aiguë», travaillaient comme décorateurs sur des tournages avant de se consacrer totalement à leur passion, en créant cette échoppe unique dans son genre. Benoît, un habitué, vendeur d'affiches de cinéma, se rappelle, ému, la fois où il y a déniché 2001: l'odyssée de l'espace en Super-8, «8 bobines, en cinémascope. Quand je l'ai projeté chez moi, c'était fantastique, du vrai cinéma à domicile». Une version sortie en Italie, où le format Super-8 était utilisé par les cinémas itinérants. Aujourd'hui, il a mis de côté Massacre à la tronçonneuse et The Fog de Carpenter, «en scope aussi». Fred, véritable Zébulon, lui montre sa dernière trouvaille, un incroyable lot de films Super-8, encore s