Claude Nougaro appartient à cette catégorie d'artistes patrimoniaux dont on ne sait trop que penser. Trop massif pour nous. Pourtant, il y a un mystère Nougaro. D'un côté, beauf, tonitruant, régionaliste, eau et jazz à tous les étages. De l'autre, émouvant, généreux, gauche, désuettement swingy. Un aspect de sa personnalité complexe a ainsi transparu lors des hommages posthumes. Son rapport très troublant aux femmes. Interrogé sur France 3, Christian Laborde, un proche évoque aussi Nougaro comme un «mystère». Mais il propose de l'orthographier en deux mots. Comme une nouvelle catégorie du comité officiel de Fontenay : «Miss Terre». Pourquoi ? «Parce que Nougaro considérait les femmes comme dépositaires du merveilleux, explique l'interviewé, l'intermédiaire entre l'homme et le monde.» Une vision apparemment amoureuse du deuxième sexe. Très instrumentale et androcentrique aussi. Pour Nougaro, en gros, la femme est l'avenir de l'homme, à condition qu'elle reste à sa place mythique. Muse au service de la créativité et de l'inspiration, façon soirée de Gala chez Paul Eluard. Bienveillante et féconde matrice. Hôtesse d'accueil du monde. Objet transitionnel pour tous. Le numéro de Libération du 5 mars accrédite ce mauvais pressentiment via une citation un poil effrayante. Nougaro parle de sa jeune épouse Hélène. «J'avais rencontré les femmes de ma vie, dit-il J'ai enfin trouvé l'élue, la femme de ma mort.» Gulps. Le «Miss Terre» se dissipe soudain. Nougaro ne triche pas. Il dit une
Les «Miss Terre» du Sud-Ouest
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par Emmanuel PONCET
publié le 12 mars 2004 à 23h42
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