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Libération
Critique

Sergei Rachmaninov

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publié le 12 mars 2004 à 23h42

Krystian Zimerman, piano. Boston Symphony Orchestra. Dir. Seiji Ozawa. 1 CD (Deutsche Grammophon).

Quelques secondes suffisent à réaliser que l'on tient un disque magistral. C'était déjà le cas, il y a six ans, avec les deux Concertos de Ravel sous la baguette de Boulez. Depuis, il y a eu ceux de Chopin, pour lesquels Krystian Zimerman n'avait pas hésité à constituer son propre orchestre patiemment recruté parmi les meilleurs pupitres de Pologne. Parce qu'il poursuit un idéal de qualité exigeant également qu'il transporte et règle son propre piano, et met trois ans pour livrer un disque (quand ses confrères en publient trois dans l'année), Zimerman peut offrir aujourd'hui des Concertos de Rachmaninov conciliant une rigueur architecturale et une inventivité de toutes les secondes qui laissent complètement sonné. Fort d'un sens rythmique supérieur, Zimerman maîtrise simultanément un très large spectre dynamique et un génie du timbre et de la caractérisation, notamment par son exploitation absolue des ressources de la pédale. L'autre partenaire de cette réussite, c'est Seiji Ozawa. Gentiment soyeux avec Berlin et Volodos dans un récent n° 1 de Tchaïkovski, il tire ici du Boston Symphony Orchestra une violence noire et des alliages de timbres irréels, rendus par une prise de son minutieuse. Par leur saisissante pureté de dessin, et leur hiératisme frappé à faire passer Rachmaninov pour une sorte de moderniste, cette façon de polariser l'intensité sur des éléments inattendus, de f