Passionnés d'animation japonaise (dite japanim ou anime tout court), ces fans d'un genre particulier consacrent leur temps libre à sous-titrer les derniers dessins animés diffusés au Japon avant de les mettre gratuitement à disposition sur le Net. Le fansub, contraction de l'anglais fan-subtitling, bien qu'illégal, est toléré tant que la série n'est pas licenciée. Cette pratique, qui existe de façon artisanale et limitée depuis l'époque de la cassette VHS, a réellement explosé avec l'arrivée de l'ère digitale.
Christophe, 19 ans, vendeur dans un grand magasin, a commencé le sous-titrage tout seul dans sa chambre de la banlieue parisienne. En cherchant des méthodes sur le Net, il découvre le discret réseau des fansubbers qui l'initient à l'IRC (Internet Relay Chat). C'est là que la communauté des fans d'anime, linguistes amateurs et vidéo-éditeurs improvisés a élu domicile. «L'IRC a permis aux passionnés de se retrouver, de mettre en commun les ressources, de partager les fichiers», explique un fansubber sous couvert d'anonymat.
Organisés en «teams», les membres sont spécialisés dans l'une ou l'autre étape de la production. Première tâche : récupérer les fichiers vidéo bruts («raws») des animations. «Lors de la diffusion d'un nouvel épisode à la télé japonaise, les Japonais l'enregistrent en numérique et le postent sur le réseau souvent le jour même. Les raw-hunters sont chargés de récupérer ces fichiers pour les mettre à disposition des équipes de fansub», explique Christophe.