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Libération

Les Puberculeux

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publié le 19 mars 2004 à 23h50

Le 10 mars, 62 militants antipub sont jugés par le tribunal de grande instance de Paris pour avoir dégradé des affiches dans le métro. La RATP réclame 922 000 euros de dommages-intérêts. Olivier Toscani, l'ancien photographe et concepteur choc des campagnes Benetton, et Frédéric Beigbeder, dont l'existence est une sorte de publicité assimilée, viennent soutenir les accusés au nom de la liberté d'expression. Deux jours plus tôt, comme pour leur couper l'herbe sous le pied, la régie a placardé dans 24 stations des affiches blanches, destinées «à la libre expression des usagers». L'opération est inaugurée à la station Liberté, en lisière du bois de Vincennes. Pour l'occasion, elle a été rebaptisée, de manière assez grotesque, Liberté d'expression : l'emphase un peu vulgaire de tant de publicités se communique comme toujours aux communicants, qu'ils soient de sentiments bons ou mauvais. La RATP sanctionne ceux qui maltraitent ses affiches mais veut sembler, comme tout le monde, frémissante de voltairianisme. Le procès et l'opération réveillent deux questions : pourquoi les pubs provoquent-elles tant d'exaspération, en particulier dans le métro ? La liberté d'expression, est-ce comme la tolérance : y a-t-il des lieux pour ça ? Sur le premier point, la réponse n'est pas simple. Quand on remonte un escalator en panne et sentant la pisse parmi les têtes grises, il n'est pas désagréable de découvrir en haut un peu de couleurs et des slogans pétaradants, fussent-ils stupides ou méchan