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Critique

Chuchumbe, le retour de la loi du talon.

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Le groupe mexicain, ces jours-ci au Festival de l'imaginaire, fait revivre la musique des fêtes de village de la région de Veracruz... à coups de pied, de mâchoires de chevaux et de guitares.
publié le 26 mars 2004 à 23h56

envoyé spécial à Veracruz

Tlacotalpan, un gros village de la région de Veracruz un samedi soir. Deux voitures bloquent une portion de rue pour la fête (le fandango). Sous un lampadaire faiblard, une vingtaine de jeunes musiciens se relaient, débutants ou plus confirmés, alors que gamins ou petits vieux tapent du talon (zapateado) sur une estrade de planches. «Quand nous avons commencé ici, il y a huit ans, on se moquait de nous, on disait que nous faisions des fêtes pour paysans du troisième âge. Aujourd'hui, le fandango est un vrai phénomène de mode pour les adolescents de la région. Quant aux vieux, ils le redécouvrent après l'avoir oublié», explique Julio Cesar, 26 ans, fondateur du groupe Estanzuela.

Mouvement social. A Veracruz, au coeur de la Caraïbe mexicaine, le fandango est plus qu'une culture populaire : un véritable mouvement social, d'ailleurs nommé «el movimiento jaranero» (le jaranero est un joueur de jarana, petite guitare). Depuis une vingtaine d'années, quelques pionniers ont gommé l'image commerciale d'un folklore plutôt mièvre et réussi à restaurer une pratique festive tombée dans l'oubli.

«Pendant quarante ans, les fandangos ne se sont plus tenus dans les villages, on pensait que c'était du passé, on avait honte», raconte Anastasio Ramirez, 74 ans, qui, depuis sa plantation de maïs et de canne à sucre, fait deux heures de bus tous les week-ends pour venir danser à Tlacotalpan. «C'est grâce à un double travail communautaire ­ d'un côté avec des ateliers pour