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Libération

Coup de Korn

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publié le 2 avril 2004 à 0h05

Vous arrivez à la Fnac Musique. Vous êtes d'une humeur disons stable. Vous descendez les escaliers qui mènent à l'open space commercial. Vous mesurez le degré de surpopulation devant les bornes d'écoute. Vous êtes psychologiquement prêt à réaliser un «acte d'achat». Voire un «achat d'impulsion». Seulement voilà. De flottante, votre humeur devient soudain massacrante. Sans raison apparente, vous vous transformez en guerrier urbain. Au bas des escaliers, vous vous précipitez sur la gauche en hurlant. Le rayon «CD 2 titres» explose. Vous flanquez à terre chacun des linéaires. Thierry Amiel agonise sur la moquette, la frange tout emmêlée. Alizée ensanglantée rampe à ses côtés. Les lunettes de Benny Benassi sont fracassées. Vous incendiez trois présentoirs de «Nice price», Vous vous dirigez maintenant vers le rayon Variétés françaises. Keren Ann collapse dans un indicible fracas de boîtiers en plastique. Que s'est-il passé ? Rien de grave. Vous venez de voir le dernier clip du groupe de néométal Korn, Ya'll Want A Single. On les voit entrer chez un disquaire. Ambiance télésurveillance. Sur des cris d'hyènes mâles et de grosses guitares saturées, ils cassent tout, un peu comme vous. Chaque riff, chaque scène de massacre de CD est entrecoupé d'un carton militant et comminatoire : «98 % de tous les premiers singles durent moins de 3 minutes 30»; «une entreprise possède les cinq plus grandes chaînes de musique aux USA»; «le dernier clip de Britney Spears a coûté $ 1 000 000», etc. Vi