Il y a dix jours, TF1 diffuse un classique audiovisuel des familles : les Aventures de Rabbi Jacob, avec Louis de Funès et Dalio. L'oeuvre de Gérard Oury date de 1973. Elle demeure formidable. Hommes et situations font rire comme toujours, comme plus jamais. Et le film, rendant gai, rend triste : cet humour-ci sur ces sujets-là, le racisme, l'antisémitisme, le terrorisme arabe, ne semble plus possible en France. Les bombes ont explosé. L'hystérie a forci. Les regards ont durci et se sont vulgarisés. L'humour ne passe le plus souvent qu'à l'aide des forceps de la vulgarité ou de la bien-pensance. Sa déchéance sous les formes conjointes de l'opportunisme et de la grossièreté est son billet d'entrée. Les aventures du PDG raciste et franchouillard Victor Pivert chez les Juifs et les Arabes dégagent une insouciance, une légèreté, une volonté joyeuse de s'amuser du pire qu'un excès de mort, de commerce et d'actualité ont écrasés. Le film est tourné juste avant la guerre du Kippour, trois ans après Septembre noir, un an après le massacre des Jeux olympiques de Munich... et peu avant la crise pétrolière. Il résonne d'un oecuménisme joyeux : le Juif de la rue des Rosiers et le militant arabe finissent par s'y serrer la main en admettant qu'ils sont cousins. Aucun attentat en France ne les a encore séparés. Les Arabes croient peut-être qu'ils ont ici un avenir. Celui du film, devenu président d'un pays qui, la veille encore, cherchait à l'éliminer, emmène d'ailleurs en hélicoptère la
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