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Critique

Perriand, tables de multiplication

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publié le 2 avril 2004 à 0h05

C'est pour sa maison de Méribel que Charlotte Perriand a créé cette table en 1972. Une table composite en sapin, avec deux zones distinctes, disposées en éventail. Trois pieds de différentes formes qui la plantent bien dans le sol. On comprend qu'elle se soit offert cette pièce qui dessine dans l'espace autre chose qu'une table. Il y a des vides et des pleins, de la légèreté et du costaud, de la nature et de la technique dans ce meuble qui invite à de multiples usages : repas et desserte, grande tablée, bureau. Une métaphore de Perriand.

Métal et bois. Cette pièce unique est aujourd'hui éditée par l'entreprise italienne Cassina, en chêne noir ou clair, et nommée Eventail. Avec cinq autres meubles de la grande dame moderne au chignon (1903-1999). Ils sont rutilants, parfois reconstruits dans de nouveaux matériaux. Ospite, autre table très innovante, est repérée dès 1927 : elle s'allonge à l'envi grâce à un système de lattes enroulables et ses pieds brillent de tout leur chrome. Le fauteuil Ombre, imaginé en 1953 en contreplaqué, sent le cuir. Les banquettes, aux coussins mobiles, lévitent. Il y a aussi un buffet fonctionnel et une table basse sculpturale.

Depuis 1964, Cassina édite les meubles de Le Corbusier et, depuis 1978, la collection des fameux sièges dessinés par le trio Le Corbusier-Jeanneret-Perriand. Charlotte Perriand travailla avec l'architecte moderne et son cousin à partir de 1927, et cela pendant dix ans, notamment à l'aménagement de la villa la Roche. «Ici, on n