A Bastia, envoyé spécial.
Dans la Petite Dame, récit d'une dizaine de pages paru à L'Association, Anke Feuchtenberger raconte l'histoire d'une femme sortie de l'eau, le crâne aplati et le corps cabossé, partie à la recherche de ses cheveux. Un oiseau lui propose bien les siens. Un lapin aussi, mais elle tient à sa coiffure, et préfère tisser une couronne de fleurs qu'elle déposera sur son front.
Fable d'une simplicité exquise, aux dessins en noir et blanc faits de spirales et de hachures, la Petite Dame résume parfaitement, même si le livre date déjà de quelques années, le travail de cette dessinatrice allemande oeuvrant à la lisière de l'illustration et de la poésie contemporaine : une recherche sur le corps comme réceptacle du temps qui passe, où s'enchevêtrent les différents niveaux de l'existence, réels ou rêvés.
Cadrages. Dans l'exposition «Profession dessinatrice», que présentent les 11es Rencontres de la bande dessinée de Bastia, cinq planches d'Anke Feuchtenberger sont accrochées. On y retrouve ce goût des cadrages qui allongent légèrement les perspectives, déforment les visages et agrandissent les yeux, et cet attachement aux traits fins et géométriques.
La présence de cette dessinatrice, au même titre que celles des autres participants de l'exposition, est une des réussites de Bastia 2004. Le festival, qui n'en est pas vraiment un (absence notable des éditeurs, pas de stands ni de foule démesurée, convivialité renforcée), tisse depuis dix ans des liens entre des auteur