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Libération
Critique

Tokyo, signes sur la ville

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publié le 9 avril 2004 à 0h10

Des écrans partout, grands au plafond des centres commerciaux, petits dans les bus et le métro, XXL dans les magasins et la rue. Un dégueulis d'affiches qui se superposent, des corps aux murs, de l'asphalte aux buildings, des lampadaires aux escalators. Une accumulation de signes sur les T-shirts, un monceau de journaux, d'enseignes, de complexes de jeux vidéo où se tricote un mix de sons électroniques, d'images de synthèse et de zooms sur l'impressionnante dextérité de mains en accéléré sur les manettes ou de pieds trépidant sur les tapis de danse. Une saturation de communication, Japonais greffés à leur mobile, mobile pointé en avant pour aider à la promenade (systèmes GPS obligent), braille incrusté sur le trottoir pour les aveugles... Enfin, le son, qui rajoute sa couche au magma d'informations qui composent une installation vidéo d'Eric Sadin, Times_of_the_signS_Japon, deux écrans en angle, qui eux-mêmes se répondent, doublonnent et augmentent la projection. Le son cliquetant-vrombissant des salles de jeux, le son des bonimenteurs tokyoïtes, distribuant leurs prospectus avec un micro, le son des sonneries de mobiles, celui des écrans gigantesques...

Cette prolifération, Eric Sadin a voulu l'enregistrer : «L'écrit s'inscrit à l'intérieur de cadres multiples, induisant de nouvelles façons d'écrire. Tokyo, ville-enseignes, ville-lumières, en est le laboratoire emblématique.» Loin de critiquer l'encombrement de la société de l'information à la manière d'un Debord ou d'un Vir