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Libération
Critique

Estompes japonaises

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publié le 23 avril 2004 à 0h18

C'est en lisant l'Epinard de Yukiko que Frédéric Bouteiller, 30 ans, dit Fred Boot, découvre la «nouvelle manga». Cette histoire d'amour intimiste, autofiction esquissée en caméra subjective par le mangaka français Frédéric Boilet, est pour lui une révélation. Un genre de manga mutant, aux antipodes des poncifs commerciaux, dont le graphisme est proche de la BD européenne et qui place la vie quotidienne au coeur de ses histoires.

«L'histoire non linéaire, le traitement graphique qui mélange photo et vidéo, les mises en abyme, le point de vue subjectif se prête à merveille à une adaptation multimédia», explique Fred Boot sur son site. Il se décide à contacter le dessinateur émigré au Japon pour lui proposer de faire une adaptation multimédia de l'Epinard de Yukiko.

Toucher. Dans son module numérique, il prolonge les pistes déjà présentes dans la version papier. La main du mangaka qui figure souvent au premier plan de ses dessins, sur le ventre, les épaules, le visage de Yukiko, devient la nôtre. «Je partage avec lui cette nécessité de toucher le lecteur dans le cadre du quotidien», explique Fred Boot qui exploite avec intelligence l'interactivité, discrète et troublante, parvenant à véhiculer l'émotion, sans la parasiter. La main s'anime, on la fait glisser sensuellement sur le corps nu de Yukiko, sur son visage flou embrumé de sommeil qui devient net lorsqu'on l'effleure. Là, on tire sur une serviette pour révéler le pudique épinard, ici on dévoile son portrait en quelques mou