L'affaire Ambiel rappelle au moins ceci : les clients des prostituées ne semblent au goût de personne. Pourtant, ils sont nombreux et de toutes sortes : il suffit de vivre dans une rue dite sans joie (mais non sans pulsions) pour s'en apercevoir. On finit toujours par y tomber sur un ami, un cousin, un chef de service ou un juge remarqué au tribunal. On apprend vite à faire semblant de ne pas les avoir vus. Le regard glisse sur eux, comme celui d'un garçon de café décidé à ne pas voir le client qui l'appelle. A quoi bon leur faire payer la note en les gênant ? De quel droit ? Eux, c'est nous, et leurs vices ne renvoient à aucune des vertus qu'on voudrait s'accorder. Les censeurs devraient faire un long stage d'observation dans ces rues ; leur modestie morale n'en souffrirait pas. Il y a deux sortes de censeurs. Ceux qui n'ont aucune imagination et ceux qui en ont trop. Les premiers veulent interdire ce qui leur manque et qu'ils ne comprennent pas. Les seconds veulent cacher ce qu'ils pratiquent ou rêvent de pratiquer. Dans les deux cas, ils prétendent agir pour le bien des autres. C'est donc pour le bien des prostituées qu'on s'en prend aux clients (beaucoup plus, semble-t-il, qu'aux proxénètes). Mais vouloir le bien des autres à leur place n'est pas si facile : n'est pas Jésus qui veut. Pour le comprendre, il suffit d'entendre les noms d'oiseaux dont les prostituées parisiennes ont affublé Ségolène Royal et Anne Hidalgo, deux femmes de gauche vertueuse. Elles répondraient s
Dans la même rubrique